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LA MÈRE GERMAINE

LA MÈRE GERMAINE

Rémy BLOUIN, l’actuel propriétaire des lieux a conservé le nom initial car « La Mère Germaine » a une histoire liée à l’Histoire, la voici.

Germaine Halap est venue s’établir sur la côte villefranchoise en 1925. Cette jeune femme issue du nord de la France, épouse Louis BRAU en 1938. Ensemble, ils décident d’ouvrir un restaurant face à la rade. Ils l’appelleront naturellement « Mère germaine » du nom de la cuisinière.
La rade de Villefranche abrite pendant les années de guerre de nombreux navires de la marine américaine. Il se tisse un lien très fort entre Germaine et ces matelots, lieutenants, officiers, sous officiers. Elle est pour eux une mère, les protégeant, les mignotant, sans distinction de grades ou autres.

Ses histoires attendrissantes ou cocasses feront rapidement la réputation de ce chef hors du commun. Le restaurant devient rapidement un lieu à part.
« Mom Germaine », comme l’on surnommée les américains, est une célébrité dans le monde de la marine
américaine. Chaque bateau faisant escale dans les environs de Nice avait inévitablement reçu l’information et l’adresse de cette hôtelière hors pair!
Sa notoriété est telle, qu’un cinéaste fut sollicité par l’armée pour conter le destin de la « unrivalled caring and charming lady »
Lorsque que le célèbre croiseur américain USS SALEM, dut quitter la rade, Mom Germaine fut reçue avec tous les honneurs et l’estime des bataillons présents dus à un individu de son rang.
Si les régiments présents à Villefranche furent les premiers fans de Germaine, ils ne furent pas les derniers !
En 1959, Jean Cocteau débute la décoration de la chapelle St Pierre des Pêcheurs située à quelques mètres seulement du restaurant. Jean et Germaine deviennent très amis. Les célébrités défilent, tant et si bien qu’elle devient aussi légendaire que ses propres clients !!!!! Encore aujourd’hui, dans le restaurant, il est monnaie courante de consulter le Livre d’Or dans lequel vous découvrez les noms les plus prestigieux
qui relatent leurs anecdotes ou leur admiration.
Germaine eut 2 filles, Claire et Josiane. L’ainée, surnommée Poupette, épousa un marin américain et partit
avec lui. Ensemble ils fondèrent une belle et grande famille de 5 enfants et vivent toujours aux Etats Unis.
La cadette, partit vivre quelques temps à New York, mais revint vite « au pays », où elle rencontra Rémy Blouin, de retour de Tahiti, elle l’épousa et ils eurent 2 enfants.
Pour Louis Brau il était important que l’oeuvre et la mémoire de sa femme continuent. Il réussit à donner à sa fille cadette et son gendre ce goût et cette générosité particuliers. La tradition familiale et l’état d’esprit du restaurant demeurent aujourd’hui encore complètement intacts.
Remy réussit avec dignité, le tour de force de respecter la tradition familiale, mais aussi de faire de son établissement une table de renom avec une qualité permanente. Un tour de force magistralement orchestré. On y déguste toutes les spécialités locales, soupes de poisson, poissons grillés, bouillabaisse…… mais il n’oublie pas que les clients sont exigeants. Les saveurs les plus raffinées sont sur la table de même que les mets les plus délicats créés avec des techniques culinaires toujours innovantes.
 
Thierry Blouin petit fils de Germaine, a étendu la terrasse de son établissement sur le quai même, à quelques
centimètres de la mer. Pouvoir dîner, ou déjeuner à cet endroit permet de profiter d’une vue magique, et de
s’imprégner de l’essence si particulière de Villefranche sur mer.
On ne vient jamais par hasard chez la Mère Germaine, et si un touriste y arrive inopinément il en gardera un
souvenir unique et saura où la gastronomie française a ses lettres de noblesses.